MONSTERS
L'histoire de Lyle et Erik Menendez
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Une vie d'abus sexuels
Après la série glaçante sur le tueur en série Jeffrey Dahmer, Ryan Murphy et Ian Brennan proposent, toujours sur Netflix, l’histoire glaçante des deux frères Menendez qui ont massacré leurs riches parents, José et Mary-Louise dites « Kitty » Menendez à bout portant et furent condamnés à la prison à perpétuité sans possibilité de libération conditionnelle. Peine qu’ils purgent encore à ce jour.
Cette histoire fit grand bruit aux USA et vit pour la première fois, l’apparition des procès en direct sur à la télévision. Les grands procès fascinent toujours le monde entier et pas seulement les affaires criminelles : Johnny Depp et Amber Heard ou Michael Jackson par exemple. Une série réussie tient non seulement par l’histoire qu’elle narre mais aussi au casting. En ce qui concerne les acteurs, le casting est brillant. Javier Bardem dans le rôle du père pervers et violent est impeccable en père d’origine cubaine, très ambitieux et capable de violence pouvant se déclencher à tout instant. Chloé Sevigny est glaçante en mère lâche et complice des abus de son mari. Quant aux deux acteurs, ils sont habités par leur personnage. Cooper Koch, est parfait en Erik Menendez, gay refoulé et Nicolas Chavez en Lyle sûr de lui et manipulateur est à la hauteur de l’intensité nécessaire à ce drame. Leur personnage est soutenu par leur physique avantageux mais ils arrivent, grâce à leur talent, à faire abstraction de celui-ci, pour montrer une fragilité, une naïveté proche de la stupidité et une gamme d’émotions allant du contentement à la peur. Lyle était alors âgé de vingt et un an et Erik de dix-huit ans. Ne pas oublier l’excellente performance de l’actrice Ari Graynor dans le rôle de l’avocate d’Erik, efficace mais détesté par l’opinion publique.
On rappelle les faits : Pour l’accusation, les deux frères cherchaient à hériter de la fortune familiale. Pour eux, l’acte était le fruit de toute une vie d’abus physiques, émotionnels et sexuels infligés par leurs parents. Compte tenu du sujet, la série est interdite au moins de 18 ans et cela se comprend, pas tant pour les scènes de violence que pour la description des viols commis par leur père et ce dès leur sixième année jusqu’à un mois précédant le meurtre en ce qui concerne Erik. À l’heure du procès de Mazan et de l’explosion de Me Too, on s’interroge sur la perversité qui incite certains hommes à violer leur propre enfant, fille ou garçon ? L’inceste est l’objet de trop nombreux faits divers et livres dont le touchant Triste tigre de Neige Sinno paru aux Éditions POL. Un livre fait place à l’imagination mais la série, elle, livre des images brutes qui avec leur contenu de violence gratuite choquent, on se prend à plaindre ces deux garçons. Toutefois, le comportement des jeunes gens après l’assassinat montre la « bêtise » des deux frères. Leurs parents à peine enterrés, ils mènent grand train et un tel étalage de luxe attire au fil du temps, l’attention de la police, ne parlons pas du rôle du psychiatre qui profite de la naïveté des deux jeunes hommes.
Le spectateur se trouve placé au fil de la narration dans le rôle d’un membre du jury avec un choix très difficile à assumer. Au même moment, se déroule le procès du joueur de football O.J Simpson accusé du double meurtre de son ex-épouse, Nicole Brown et de son ami Ronald Goldman. Il s’enfuit et est pris en chasse par une horde de voitures de police, images qui sont restées gravées dans la mémoire collective. Hasard de la vie, O.J Simpson fut placé dans la cellule voisine de celle d’Erik Menendez, mais de par la situation de leur père au sein du groupe Hertz, il avait déjà eu l’occasion de rencontrer les garçons car il tourna une publicité pour la marque. Celui-ci échappa à la prison alors que tout l’accusait car ses avocats dont George Shapiro (avocat des Menendez avant d’être licencié par la famille) et Robert Kardashian (père de l’envahissante Kim) orientèrent la plaidoirie sur le racisme, présumant d’émeutes raciales dans tout le pays si ce dernier était condamné… L’Amérique entière était suspendue à la décision du tribunal, idem pour les Menendez.
Les frères Menendez eux, étaient au début de l’affaire, pris en pitié par l’opinion publique à cause de leur physique avantageux, leurs tenues « preppy » et leur capacité à pleurer sur commande. Pourquoi soudain tout bascula ? Ce sont les réponses à cette question qui font de cette série addictive, une totale réussite à ne pas manquer !
Christian CHARRAT
Monsters – L’histoire de Lyle et Erik Menendez sur Netflix.