Murena- les neronia
Quatrième et dernier cycle
Le péplum, un genre délaissé
Quelle beauté que cet album – tome 13 – des aventures de Lucius Murena ! C’est le quatrième et dernier cycle de la saga Murena qui devait s’appeler « Le cycle de la mort. » Jean Dufaux, le scénariste, se ravisa et opta pour « Le cycle de l’amitié » qui à ceci de plus que l’amour, elle dure en général plus longtemps… Après l’intermède exercé par Théo Caneschi, c’est au tour de Jérémy de prendre le relais des dessins et des couleurs, armé de son talent. La couverture, très réussie, met de suite l’eau à la bouche et attire le lecteur.
L’histoire
À Rome, le peuple est inquiet. La conspiration avortée de Pison, le grand incendie a ravagé la cité durant plusieurs jours… Son origine fait l’objet d’une rumeur persistante. L’historien Gaius Cornelius Tacitus affirme qu’il fut prémédité par l’empereur Néron. On soutient d’ailleurs, qu’il se mit à chanter La chute de Troie en contemplant les flammes… Autant d’événements qui ont porté atteinte à la popularité de ce dernier. Tigelin suggère à l’empereur d’organiser des jeux, les Néronia, afin de détourner l’attention et de faire applaudir son talent de poète – dont nul n’est dupe. Pendant ce temps, et tandis que l’Hydre, cette guerrière mystérieuse, voit son influence grandir dans les cercles du pouvoir. Lucius Murena, un jeune patricien, au statut social élevé que l’on accuse de comploter contre l’empereur Néron dont il est proche. Il est forcé de se cacher car c’est un homme traqué. Mais il n’hésite pas à s’introduire auprès de Néron, au cœur du volcan, pour lui rappeler que leurs destins sont liés, qu’il doit prendre garde car il n’est qu’un homme. Et les dieux détournent parfois leurs regards des hommes, même des empereurs…
Une série qui impose le péplum dans la bande dessiné
Le scénariste Jean Dufaux confesse qu’au départ de la série, le pari était risqué car les péplums ne font plus recette. Certes, il y eut le succès de Ben Hur avec Charlton Heston, puis, le phénomènal Cléopâtre avec Liz Taylor (qui faillit ruiner la Twentieth Century Fox) ou La chute de l’empire romain avec Sophia Loren mais le genre n’est plus dans l’air du temps et les deux premiers albums peinent à trouver leur public. Le succès de Gladiator avec Russell Crowe donna un formidable coup de pouce à la série et permit de remplir ses objectifs. De surcroît, le scénariste dut certainement lire Le Satyricon de Pétrone pour la vraisemblance et la description des mœurs romaines car sa vision est précise et sans concession.
Les auteurs
Jean Dufaux, né en 1949, est l’auteur d’une œuvre foisonnante qui fait la part belle à des thèmes comme le pouvoir, la folie, la solitude ou les cicatrices du passé. Il compte à son actif de nombreuses séries essentielles : La Complainte des landes perdues, Rapaces, Djinn et Barracuda. Il a aussi scénarisé deux aventures de Blake et Mortimer. France 2 a récemment présenté un documentaire passionnant sur le créateur de la célèbre série Edgar P. Jacob et dont des planches originales furent vendues en dépit de la volonté de l’auteur décédé…
Jeremy (dessin) est né en 1984. À l’âge de 17 ans, il devient l’assistant de Philippe Delaby, qui meurt en 2014. Après avoir achevé les planches du quatrième tome du deuxième cycle de La Complainte des landes perdues que Delaby n’avait pas eu le temps de terminer, il a dessiné la série des pirates Barracuda écrite par Dufaux, s’est lancé dans l’aventure des Chevaliers d’Héliopolis, imaginée par Alejandro Jodorowsky, et a signé en solo les quatre tomes de Vesper. En dessinant cet ultime cycle de Murena, il effectue un retour aux sources et rend hommage à son maître en dessin, Philippe Delaby.
C.C
Murena – tome 13 – de Dufaux-Jérémy-Delaby – Éditions Dargaud – 56 pages – 13,95 € – dargaud.fr




