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Un voyage en "Amazonies" au Musée des confluences

Trois villages partenaires

Exposition Amazonies au musée des Confluences © musée des Confluences – Bertrand Stofleth
Le musée des Confluences entraîne les visiteurs en Amazonie brésilienne. Cette nouvelle exposition démontre que sa forêt perçue comme vierge n’est pas si impénétrable, ni si inhospitalière. Visite dans une terre inconnue, en compagnie de ses habitants qui font partager leur quotidien. L’ensemble est particulièrement vivant avec des vidéos, des témoignages, des photos, et bien sûr des objets.
Des idées reçues
Avant d’embarquer pour ce lointain voyage, il faut déconstruire les stéréotypes : ce territoire était peuplé avant l’arrivée des Européens au XVIe siècle. Plusieurs traces le prouvent : des gravures rupestres le long des rivières, des poteries au décor raffiné, datées de 5000 ans avant J.-C., retrouvées vers Santarem et des paysages façonnés. Il faut s’arrêter devant ce cliché qui dévoile les constructions humaines cachées sous les arbres.
305 peuples autochtones du Brésil vivent sur 23 % de ce territoire. Les équipes du musée sont parties à leur rencontre. Elles « restituent » trois villages partenaires en respectant leur identité, leur diversité, leurs rituels. « Il est important de faire comprendre au visiteur la pensée amérindienne, de donner une place au mythe. Chaque peuple a une histoire » souligne Marianne Rigaud-Roy, la cheffe de projet.
Trois villages
Les Mebêngôkre (Kayapo) vivent avec des peintures corporelles (ne pas rater la vidéo sur cette pratique). Le plumage éclatant des aras est apprécié pour la confection des parures et des coiffes, mais ces guerriers- chasseurs-cueilleurs se sont adaptés au XXIe siècle en utilisant aussi … des pailles en plastique, toutes aussi colorées. Selon la légende, c’est un tatou qui a guidé cette communauté sur cette terre, on peut apprécier un superbe exemplaire de cet animal.
Les Wayana et Apalaï sont deux peuples qui vivent ensemble. Ils sont experts en vannerie, dont les savants tressages sont réalisés avec l’arouman, une variété botanique. Les motifs de chenilles, symbole de métamorphose, racontent l’histoire des habitants. On peut aussi se glisser dans le carbet communautaire où se déroulent les fêtes (et lever les yeux pour admirer le ciel de case). Surprenant : la base de leur alimentation est le manioc amer, une plante toxique rendue comestible grâce à un savoir-faire sophistiqué.
Les Ashaninka pratiquent le tissage, leurs tuniques expriment leur identité. La reconnaissance de leur territoire a été actée en 1992, un anniversaire qu’ils célèbrent chaque année en juin.
L’exposition présente plus de 250 objets, dont 220 sont issus des collections documentées sur le terrain. Elles sont associées aux objets et photographies du médecin Aldo Lo Curto et aux coiffes d’Antoine de Galbert, dont les donations effectuées depuis le début des années 2000, ont enrichi la collection historique d’Amérique du Sud.
Une région menacée
Aujourd’hui, ce secteur du nord du Brésil, cerné par la Guyane, la Colombie, le Pérou et la Bolivie, traversé par le fleuve Amazone, est menacé par la déforestation, les concessions minières et la confrontation avec le monde extérieur. Pour l’inauguration de l’exposition mi-avril, Maria Alexandrina da Silva Piyãko et son frère Moisés Piyãko Ashaninka, représentants du peuple Ashaninka, avaient fait le déplacement. « Le danger le plus fort est la destruction de la forêt, car la disparition de ce poumon de la planète représente un péril pour le monde entier » ont-ils prévenu.
Isabelle BRIONE
Amazonies jusqu’au 8 février 2026, au Musée des confluences, 86 quai Perrache, Lyon 2e. https://museedesconfluences.fr
A voir aussi, outre les quatre expositions du parcours permanent, deux autres expositions temporaires : « Le temps d’un rêve » jusqu’au 24 août 2025 et « Trop forts ! » jusqu’au 31 décembre 2025 (conçue pour les 8-12 ans). Tarif : 12 euros, gratuit pour les moins de 18 ans.