ORPHÉE & EURIDICE
Un amour mythique sublimé par la musique
Toutes les photos © Julien Gazeau
Ramener des enfers son amour
C’est sur le célèbre miroir d’eau de la résidence de William Christie que s’est tenue la représentation d’Orphée et Euridice de Glück. Le temps au Festival Dans les jardins de William Christie est déterminant car en cas de pluie il faut prévoir une solution de repli. Heureusement, ce vendredi 30 août, nul besoin de battre en retraite. Le concert placé sous la direction de Paul Agnew, se déroula sous des cieux cléments. Ceux-ci furent-ils émus par la tragédie de ce couple d’amoureux ? Toujours est-il que le public fut, lui, touché par la performance de Reinoud Van Mechelen superbe haut-contre en Orphée de haut niveau. Son timbre était très complémentaire de celui des deux sopranos : Ana Vieira Leite (Euridice) et Julie Roset (l’Amour), qui déjà dans l’après-midi, avaient ravi les spectateurs dans Les dames de Ferrare de Luzzasco Luzzaschi.
La Magie du chant et la beauté des jardins
La nuit tombait lentement et accentuait le côté encore plus sombre et dramatique à l’opéra fort célèbre de Christoph Willibald Gluck, Orphée et Euridice chanté en français et non en italien. En effet, invité par Marie Antoinette alors Dauphine de France, Gluck présente en 1774 sa version française. Chaque spectateur présent, connaît, on le devine, la très belle histoire d’Orphée qui doit vaincre la mort et ramener des enfers son amour, Euridice afin de perpétuer leur félicité terrestre. Ce mythe antique inspira plusieurs compositeurs et auteurs dont Jean Cocteau. Créateur protéiforme, il en fit un beau film en noir et blanc avec dans les rôles principaux, Jean Marais et Marie Déa.
La technique au service de l'acoustique
Loin des plateaux de cinéma mais au cœur des jardins, quel enchantement de voir au fil de l’action et de la partition, le parc se parer de mille feux et au final éclairer et célébrer la victoire de l’amour triomphant sur les forces obscures dans cet opéra magnifique. C’est aussi une performance technique que d’avoir une telle acoustique en plein air, au point que les applaudissements chaleureux du public paraissent comme étouffés. Malgré l’intensité dramatique de l’œuvre, un chat noir dénommé Socquette, à cause de ses coussinets blancs, paradait fièrement comme un top model devant le premier rang totalement indifférent à l’action sur scène. Visiblement satisfait de son effet, il fit un deuxième passage provoquant les rires du public.
Un opéra dramatique certes, mais une soirée magique.
Christian CHARRAT
Le festival Dans les jardins de William Christie a lieu fin août. Il est bon de réserver sur arts-florissants.org. Les jardins du Maestro à Thiré en Vendée sont classés « Jardin Remarquable » et ouverts au public dans le cadre des Journées européennes du patrimoine du 21 au 22 septembre dès 10h30.
Les Arts Florissants – 32 rue du Bâtiment 85210 Thiré
