P-VALLEY

Netflix n’échappe pas à la tendance ethnique et propose la série P-Valley d’après le scénario de Katori Hall, productrice, dramaturge et récipiendaire du prestigieux prix Pulitzer. Elle a produit la comédie musicale sur la vie de Tina Turner. 

La trame de P-Valley : Au fin fond du delta du Mississippi se trouve une oasis de paillettes au milieu de trajectoires humaines violentes où la beauté peut être difficile à trouver. Chaque épisode retrace l’histoire kaléidoscopique d’un petit club de strip-tease où des personnages hauts en couleur franchissent ses portes, qu’ils soient brisés par la vie, plein d’espoir ou complètement perdus.

Le Pynk, club mythique de Chucalissa

Ici, on est dans le concret à savoir la réalité d’une certaine population Afro-Américains. Celle-ci est confrontée à la pauvreté et se bat pour s’en sortir avec ses propres moyens. Les femmes, si elles sont belles et savent twerker, sont stripteaseuse au Pynk club mythique de la ville de Chucalissa géré de main de maître par un travesti excessif, Oncle Clifford (magnifique performance de Nico Annan). Les danseuses du Pynk sont spécialisées en pole dance juchées sur des talons aiguilles vertigineux s’offrant aux regards de mâles excités qui font pleuvoir les dollars sur leurs corps très dénudés. Avec en prime des activités plus rentables si l’occasion se présente au salon très privé « Paradis. » Les hommes sont dealers de drogue, chanteurs de rap ou garde du corps. Tous, sauf Oncle Clifford, affichent une masculinité extrême même pour certains homosexuels emprisonnés dans leur personnage de macho dominant.

Une sexualité affichée ou brimée c’est selon

Chacun des héros de la série est héritier d’un lourd passé ou d’un présent effrayant (mari violent et jaloux, enfance traumatisante, abandon familial, aucun repère dans l’existence). Ce qui est passionnant c’est de découvrir les us et coutumes de cette communauté. Tous s’insultent au quotidien. Les noms d’oiseaux fusent entre « salope » ou « nègre ». Les dialogues sont très crus et la sexualité est abordée de manière « frontale », pénis en érection, cunnilingus, pénétration anale ou trio, sado masochisme tout cela est illustré avec intensité sans tomber heureusement dans la pornographie. Le talent des acteurs aussi précis dans la danse, la violence, que dans les scènes de sexe fait que tout cela ne choque pas ou plus… Ce n’est toutefois pas recommandé à un jeune public. La condition des femmes n’est pas la préoccupation des édiles de la ville et loin s’en faut.  Si elles ont le pouvoir d’utiliser leur corps pour prendre l’ascendant sur les mâles durant un show, il n’en va pas de même dans leur vie privée. 

Les vêtements sont une seconde identité, un passeport pour la frime

Les codes vestimentaires sont très précis, faux cils, stilettos, perruques excessives de toutes les couleurs, vêtements très révélateurs, poitrine siliconée et hanches callipyges pour les femmes. Les hommes eux, sont adeptes du culturisme et des tee-shirts moulants, pantalons de jogging, sneakers, colliers et montres en or voire même des protèges dents en or. Les marques telles que Gucci, Vuitton, Versace ou Adidas sont mises en avant étant très prisées par les rappeurs car tous les clichés du rap sont omniprésents dans la série. Les tatouages s’affichent sur les corps des deux sexes. Dans cette communauté noire, on aime exhiber et s’exhiber. Les mâles paradent, les femmes s’offrent souvent contraintes. Chaque personnage est prisonnier de son rêve avec en préoccupation première, l’argent car presque tous sont dans la survie. S’y mêle la foi poussée à l’extrême, particulièrement chez les Évangélistes et celle-ci sert à certains de levier pour s’enrichir et prendre le contrôle de la ville. 

Les plus de cette série sont : des épisodes intenses, des costumes et maquillages spectaculaires, une bonne dose de sexe en tous genres et un casting absolument impeccable, une totale réussite !

Christian CHARRAT

P-Valley – 3 saisons – saison 1 et 2 déjà disponibles sur Starz et Netflix – starz.com – netflix.com