PHILIPPE HIQUILY - CENTENAIRE

Il y a des artistes que l’on redécouvre. Et d’autres, que l’on célèbre avec la ferveur due aux éclaireurs. À l’occasion des cent ans de la naissance de Philippe Hiquily (1925–2013), Artcurial rend un hommage magistral et résolument sculptural à l’un des artistes les plus anticonformistes du XXe siècle.

Entre exaltation des formes féminines, obsession du mouvement et fascination pour les arts premiers, plus de 50 œuvres, issues de collections privées, investissent les salons de l’hôtel Marcel Dassault, dans un parcours à la fois charnel et onirique, imaginé en partenariat avec le Comité Hiquily. L’univers de l’artiste n’a rien perdu de sa modernité provocante. L’exposition inédite en est la preuve éclatante.

Intitulée sobrement Philippe Hiquily – Centenaire, cette rétrospective savamment orchestrée lève le voile sur des sculptures totem, mobiles gracieux, pièces de mobilier au design audacieux, bijoux aux allures d’artefacts païens, peintures et encres de Chine — c’est toute l’énergie créative du sculpteur qui ressurgit dans un parcours sensoriel et érudit.

Une vision plurielle

L’exposition s’articule autour de cinq grands axes thématiques qui soulignent l’amplitude et la cohérence de sa démarche artistique :

• Hiquily et les arts océaniens,
• Le mouvement et l’équilibre,
• La femme par le Corps,
• Les Bijoux,
• Le Mobilier.

Chacun de ces chapitres explore un pan de son imaginaire polymorphe, à la croisée des influences antiques, modernes et primitives. Les arts du Sepik et les sculptures kanak, si chères à l’artiste, y entrent en résonance avec ses formes sinueuses, quasi organiques. Une immersion délicieusement anachronique, où le passé et le présent fusionnent dans une esthétique résolument intemporelle.

Le métal, matière vivante

Chez Hiquily, le métal n’est jamais froid. Qu’il soit martelé, découpé, poli ou soudé, il devient sous sa main une matière sensuelle, presque vivante, qui épouse les courbes d’un corps, la ligne d’un geste, ou l’équilibre fragile d’un mobile. Héritier des maîtres du fer, de Julio González à Calder, Hiquily insuffle à ses sculptures une poésie mécanique, parfois déroutante, toujours libre. Girouettes monumentales, fontaines érotiques, mécanismes rudimentaires ou sophistiqués : son œuvre célèbre le mouvement, la dérision, l’érotisme — sans jamais perdre de vue une certaine élégance formelle.

Le corps féminin comme territoire d’expérimentation

Ici le corps féminin est à la fois muse, matière et manifeste. Il est exalté dans des courbes voluptueuses, déconstruit dans des silhouettes mécaniques, transformé en machine inspirante. Ses sculptures, parfois provocantes, toujours poétiques, incarnent une vision libre et sensuelle du féminin, entre érotisme et abstraction.

Un événement parallèle au Parcours des Mondes

Organisée en marge du prestigieux Parcours des Mondes, l’exposition s’inscrit dans une dynamique de redécouverte des dialogues entre art contemporain et arts premiers. Une manière, pour Artcurial, de repositionner Hiquily comme un passeur entre les cultures et les époques, un alchimiste du métal capable de faire danser les formes les plus archaïques avec la modernité industrielle.

Une célébration jubilatoire de la matière, du geste et du désir.

Sylvie DI MEO

Philippe Hiquily – Centenaire – Exposition & vente privée jusqu’au au 30 septembre 2025 – Artcurial, 7 rond-point des Champs-Élysées, Paris 75008 www.artcurial.com