Rachidle
Monsieur Vénus et Madame Adonis
Le + érotique
Une relation passionnelle
Si le problème du genre se pose actuellement dans notre société, ce n’est pourtant pas une première en France. Ce sujet fut abordé par une pionnière, Marguerite Eymery, qui décida de se lancer dans une carrière littéraire. Après quelques publications restées confidentielles, en 1884 un premier roman (érotique) avec Francis Talman est publié et fait parler de lui : Monsieur Vénus qu’elle signe du pseudonyme Rachilde. L’ouvrage fait scandale, les livres sont saisis et les auteurs condamnés.
Rachilde, homme de lettres...
La dame a du caractère, elle obtient l’autorisation de la préfecture de police de Paris de porter le pantalon et fait imprimer des cartes de visite au nom de Rachilde, homme de lettres. Elle publie un autre ouvrage, Madame Adonis, qui provoque à nouveau un scandale. Pourquoi ? Les deux romans remettent en question les identités de genre, inversant les rôles traditionnellement attachés aux hommes et aux femmes.
Monsieur Vénus met en scène une relation passionnelle entre une aristocrate au comportement masculin, et un jeune homme qu’elle réduit au rôle de « maîtresse ». Elle établit en prime entre les deux personnages une relation sadomasochiste. Dans Madame Adonis, une femme se lie avec un couple et tombe amoureuse à la fois du mari et de la femme. Ce qui scandalise à l’époque nous semble aujourd’hui dépassé, on est tout de même loin de Cinquante nuances de Grey.
Une étonnante modernité et une aisance parfaite avec son sujet
Ces deux romans sont d’une modernité étonnante, elle évoque le travestissement mais avec une aisance certaine et une plume légère. Ses récits tiennent en haleine les lecteurs amusés par ces marivaudages d’un autre temps.
Mais ce que l’on retiendra de l’auteur est sa vie exaltante. Elle épouse Alfred Vallette qui lui propose une « union libre de raison ». Le couple reprend une des plus prestigieuses revues de la fin du siècle, le Mercure de France. Elle tient salon. Ce dernier devient fort prisé car elle jouit d’une réelle notoriété littéraire, certes accompagnée d’un parfum de scandale qu’elle se plaît à alimenter. Elle est hostile au surréalisme et moleste publiquement Max Ernst…
Elle écrit, qu’il faut en moyenne un an pour écrire un bon roman, six mois pour en faire un passable, trois mois pour en faire un mauvais. On suppute qu’elle du passer une bonne année à écrire ces deux romans tant ils sont réussis.
Elle meurt le 4 avril 1954 à Paris. Elle laissera à la postérité, plus d’une soixantaine de romans, de contes, de nouvelles, des écrits autobiographiques, des pièces de théâtre et des recueils de poèmes ainsi que de nombreux articles de critiques littéraires.
Monsieur Vénus et Madame Adonis – de Rachilde – Éditions Folio Classique – 412 pages – 9,90 € – folio-lesite.fr