RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE -1-

Un super héros se dresse en terre aborigène, ce cliché réalisé en Australie illustre la thématique des 56e Rencontres de la photographie d’Arles : « Images indociles ». Avec ses 50 expositions, ce festival organisé jusqu’au 5 octobre 2025, emmène les quelque 160 000 visiteurs attendus voyager dans le monde entier. Les regards des 200 contributeurs offrent un contrepoint aux discours dominants, célébrant la diversité des cultures, des genres et des origines. Voici nos dix coups de cœur, en plus de l’incontournable et fabuleuse rétrospective « Yves Saint Laurent et la photographie » (lire par ailleurs).

Letizia Battaglia. Cette exposition retrace l’ensemble du parcours créatif de cette grande dame de la photographie (disparue en 2022 à l’âge de 87 ans). Ses clichés sont toujours esthétiques, même dans le malheur et la misère. La période la mieux connue de son travail débute au milieu des années 1970, dans sa Palerme natale où elle documente chaque jour, pour le quotidien L’Ora, les tragiques événements mafieux qui ensanglantèrent la capitale de la Sicile pendant plus d’une décennie.

Ne pas rater : la vidéo dans laquelle elle raconte les coulisses de ses reportages. Elle avait commencé tard, après son divorce et ses enfants (39 ans), ce qui ne l’a pas empêchée de réussir.

>Chapelle Saint Martin du Méjan.

Le monde de Louis Stettner. Ce grand photographe américain humaniste (1922-2016) s’est attaché à montrer la vie des gens simples. A New York, dans le métro, il fixe les voyageurs sans se cacher. A Penn Station, il les poursuit en mouvement. A Paris, il les préfère de dos, quand il n’opte pas pour des rues désertes.

A savoir : il s’est installé en France à Saint-Ouen en 1990 et il avait une passion pour les arbres des Alpilles.

>Espace Van Gogh.

Présages d’une lueur intérieure. « Je conduis jusqu’à quelque chose qui m’interpelle, je continue à conduire et à chercher ». Todd Hido immortalise des moments de beauté paisible dans des paysages souvent désolés.

On mesure : la persévérance de ce passionné américain connu pour ses images à l’atmosphère particulière, obtenues dans des conditions météo difficiles, parfois à travers le pare-brise de sa voiture. Une pratique à expérimenter ?

>Espace Van Gogh.

US Route 1. Dans les années 50, Bérénice Abbott emprunte la route US 1 qui relie le Maine à la Floride où elle photographie en noir et blanc un pays en pleine évolution. Entre 2016 et 2024, Anna Fox et Karen Knorr suivent ses traces avec des photos en couleur.

On apprécie :  l’actualisation de ce travail entamée au cours de la première campagne présidentielle de Donald Trump. L’espoir d’hier (voiture, publicités loisirs) semble remplacé par l’inquiétude.

>Palais de l’archevêché.

Éloge de la photographie anonyme. Composée par la collection de Marion et Philippe Jacquier (glanée pendant 20 ans les brocantes et marchés aux puces), elle incarne à merveille le génie de la photographie amateur.

On aime : le pharmacien espion qui fixait ses clients au comptoir (sans idées de malveillance), les photos (floues) de Lucette en voyages ou les témoignages historiques comme l’enterrement de Victor Hugo.

>Cloître Saint-Trophime

Isabelle BRIONE

Arles 2025 – jusqu’au 5 octobre 2025. Tarifs en ligne, pass : 40 euros, à la journée : 33 euros. Infos : https://www.rencontres-arles.com/