REPORTERS SANS FRONTIÈRES

Martine Franck  -100 photos pour la liberté de la presse

Un regard amical sur le monde

Comme chaque année le livre 100 photos pour la liberté de la presse est très attendu. C’est non seulement un hommage à un(e) photographe de talent mais c’est aussi un soutien nécessaire pour l’association puisque que le produit de la vente représente 30 % de son budget global.  Il ne reste en kiosque que trois mois.  Noël est donc l’occasion de soutenir l’association et la liberté de la presse alors que le monde contemporain voit la démocratie menacée dans différents pays.  Ce numéro rend hommage à Christophe Deloire qui est décédé en juin dernier et qui fut le secrétaire général de RSF (1971-2024.)

Martine Franck, une femme engagée

Martine Franck est moins connue que son époux Henri Cartier-Bresson, mais elle a autant de talent que lui.  Il suffit pour s’en convaincre de feuilleter et de lire les textes, pour découvrir la personnalité de cette jolie femme curieuse, communicative, qui avait un regard amical sur le monde. Elle travaillait le noir et blanc avec une sensibilité évidente.  Martine Franck, née à Anvers en Belgique, s’attache avec bienveillance aux femmes, aux enfants, aux habitants de la lointaine île irlandaise de Toraigh et aux sans -papiers de l’Église Saint-Bernard à Paris dont la cause, le droit au logement, déplaça les « people » sans trop de résultat. Ce n’est pas une militante, seulement une femme engagée, combative dont la cause des femmes lui tient vraiment à cœur.

Des personnalités aux personnes âgées

Elle cofonde Viva, une agence qui questionne la pratique photographique et prône une vision réflexive et critique. Son usage instantané, non interventionniste, nécessite très peu de matériel, lui permettant ainsi une grande liberté de mouvements et de déplacements.  Elle photographie aussi bien une femme conductrice de locomotive que Simone de Beauvoir, Simone Veil, Gisèle Halimi, Agnès Varda, Léonor Fini avec son chat, etc. Mais on sent à travers son œuvre, qu’elle aime beaucoup les enfants et se penche avec une tendresse évidente sur les personnes âgées. Les photographes sont dithyrambiques à son sujet.  Robert Doisneau, disait « Pour nous éviter de vieillir idiots, Martine Franck a eu l’intrépidité d’aller voir sur place (ndlr : les maisons de retraite) ». Sarah Moon dit qu’elle a choisit de lui rendre hommage avec la photo de deux gamines qui sautent d’un muret, c’est pour dire son humour, sa joie de vivre, sa force de vie, son aptitude à saisir l’instant, son indépendance créative par rapport à son célèbre mari Henri Cartier-Bresson.

Un beau livre utile et nécessaire réalisé avec le soutien de la Fondation Henri Cartier-Bresson.

Christian CHARRAT

Martine Franck – 100 photos pour la liberté de la presse Reporters sans frontières – 157 pages – 12,50 € – rsf.org – henricartierbersson.org

Ballymun, quartier nord de Dublin, Irlande, 1993.

Hôpital Charles-Foix, Ivry-sur-Seine, 1975. Édifié sous le Second Empire sous le nom d’hospice des Incurables d’Ivry, l’hôpital est spécialisé en gériatrie.

Henri Cartier-Bresson, Paris, 1992.

Grand Palais, Paris, 1972. Exposition «Les peintres de l’imaginaire : symbolistes et surréalistes belges», tableau de Paul Delvaux.

Jean Gaumy, Martine Franck, Amagansett, Etats-Unis, 1983 ©Jean Gaumy/Magnum Photos

L’avocate et militante féministe Gisèle Halimi, Paris, 1970.

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