"Rétiaire(s)" de DOA

Une plongée suffocante dans les arènes du crime

Des loyautés vacillantes

Dans Rétiaire(s), DOA, romancier et scénariste, nous entraîne une nouvelle fois dans un univers sombre et oppressant, où l’adrénaline et la violence s’entremêlent au fil des pages. Ce thriller nerveux, rythmé par une écriture sèche et incisive, explore les arènes modernes de la criminalité organisée, là où chaque protagoniste lutte pour sa survie dans une guerre sans merci.

Un polar original

L’intrigue repose sur une opération d’infiltration qui vire rapidement au cauchemar. On suit les pas d’un agent double, pris en étau entre les injonctions contradictoires de ses supérieurs et la cruauté implacable des criminels qu’il côtoie. DOA dresse un portrait acéré et sans concession du milieu des narcotrafiquants et de la violence systémique qui gangrène les organisations, qu’elles soient criminelles ou policières. L’auteur s’attache à montrer que la frontière entre le bien et le mal est plus poreuse qu’il n’y paraît, et que chaque décision, chaque geste peut sceller un destin.

L’écriture de DOA est percutante, efficace, oscillant entre une narration clinique et des moments d’une brutalité crue. Le style, direct et sans fioritures, confère à l’ensemble une certaine intensité, qui n’est pas sans rappeler les meilleures heures du cinéma de genre. DOA ne se contente pas de décrire : il immerge, il happe, il étouffe, mettant en scène des personnages torturés, souvent au bord de la rupture.

L’un des grands atouts de Rétiaire(s) réside dans sa galerie de personnages. Les anti-héros de DOA sont saisissants de réalisme, écorchés vifs, mus par des motivations ambiguës et des loyautés vacillantes. L’auteur n’hésite pas à plonger dans leur psyché pour en révéler les failles, les peurs, les désillusions. Aucun n’est épargné par cette plume acérée qui excelle dans l’art de dépeindre des protagonistes à la fois fascinants et profondément humains, en proie à leurs contradictions.

Une intrigue complexe

Cependant, l’imbroglio de l’intrigue et la multitude de personnages peuvent parfois dérouter le lecteur. DOA exige une attention constante, tant les sous-intrigues se multiplient et se croisent, comme les fils d’une toile enchevêtrée dont il maîtrise parfaitement les tenants et aboutissants. Ce choix audacieux contribue à l’immersion, mais peut aussi perdre ceux qui n’entrent pas immédiatement dans ce labyrinthe narratif. Avec en prime, pas de personnage central et un jargon truands-flics pas toujours simple à comprendre. D’autant plus que l’index est placé à la fin du livre et ne facilite pas la fluidité de la lecture.

Mais Rétiaire(s) n’est pas un simple thriller : c’est un miroir tendu à une société en crise, où les lignes de fracture se dessinent avec une acuité troublante. DOA interroge les mécanismes du pouvoir, de la trahison, et de la survie dans un monde où tout semble corrompu. Un décryptage qui laisse des marques, tant il nous plonge au cœur de la noirceur humaine, sans jamais édulcorer la violence d’un système gangrené de l’intérieur.

Un roman sans concession, qui prend le lecteur à la gorge et ne le relâche qu’à la toute dernière page avec une note d’espoir qui laisse présager une suite…

Sylvie DI MEO

Rétiaire(s) – de DOA – Éditions Folio Policier – 432 pages – 9,40 € – folio.com

"Rétiaire(s)" de DOA

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