Séléction officielle

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Photo : © M.Hartmann

La boucherie cathodique...

Tous les passionnés de cinéma connaissent le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux, qui est aussi le directeur de l’Institut Lumière et créateur du Festival Lumière qui est devenu au fil des ans un succès. 

Si l’on se demande qui est cet homme survitaminé à l’énergie incroyable et au tutoiement facile, il faut acheter son livre Sélection Officielle paru aux Éditions Babel.  Ce pavé couvre l’emploi du temps surchargé de ce stakhanoviste de la pellicule durant une année. On est même étonné de savoir comment vu un tel emploi du temps, il a pu rédiger ces 672 pages ?

C’est avant tout une déclaration d’amour au cinéma du monde entier et une déclaration d’affection à ses équipes qui l’escortent dans deux festivals de première importance.  Il est fier de ses amitiés que ce soit Laurent Gerra, Johnny Halliday, le photographe Helmut Newton et le regretté Bertrand Tavernier.  Il faut d’ailleurs lire impérativement en complément, son hommage touchant et bien écrit au cinéaste disparu, Si nous avions su que nous l’aimions tant, nous l’aurions aimé d’avantage paru aux Éditions Grasset.

Il apprécie tout particulièrement Martin Scorsese.  Ce dernier réalisa une série sur la ville de New York-Si c’était une ville… diffusée sur Netflix avec Fran Leibowitz. C’est hilarant et Scorsese qui même les débats ri -et nous aussi- beaucoup. À voir et revoir. Il confesse une grande admiration pour l’actrice Meryl Streep car son jeu et son parcours sont exemplaires.

On notera une phrase qui est aujourd’hui remise en question « À Cannes, les gens viennent pour travailler (sic.) » Que dire de la présence des influenceurs qui, comme l’écrit si bien Thierry Frémaux, encombrent la montée des marches de leur vanité, ce que SergDaney appelait à juste titre « la boucherie cathodique… » Il insiste et voilà qui rend l’homme encore plus sympathique, précisant que nous vivons dans une époque sans nuance où l’on sacralise de grandes impostures.

On découvre au fil des pages qu’il aime : sa ville de Lyon, le football et le club de l’OL, le judo, les bouchons lyonnais, le vélo et Bruce Springsteen .  Il faut dire que Lyon est une ville qui se prête fort bien à la pratique de la bicyclette.

Thierry Frémaux explique sa chasse aux pépites cinématographiques à travers le monde. Il offrit ainsi au public, La grande Bellezza du réalisateur Paolo Sorrentino et un bijou, The Horse, d’Abbas Kiarostami qui éblouit par sa lenteur d’une absolue beauté.  Il multiplie les anecdotes sur le Tout Cinéma mais sans méchanceté aucune. On apprend par exemple que c’est la douce Mélanie Hamilton (Olivia de Havilland) dans Autant en emporte le vent qui mit fin à la dépendance des acteurs vis à vis des grands studios. L’immense réalisateur Billy Wilder à l’humour irrésistible, dit au sujet de Marilyn Monroe excédé par les absences, les retards et les oublis de l’actrice « J’ai une tante à San Diégo qui dirait mieux ses textes qu’elle.  Mais personne n’irait voir ses films. »

Il y a tant et tant de choses à dire et à écrire sur cet ouvrage passionnant que l’on va laisser l’auteur en tirer la conclusion « Il n’y a pas d’amour du cinéma sans amour des livres de cinéma. » Tout est dit !

Séléction officielle de Thierry Frémaux -Éditions Babel – 672 pages – 11,90 € – actes-sud.fr

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