SONNY BOY
Mémoires d'Al Pacino
Le succès est sa seule chance de survivre
Tous les amateurs de cinéma connaissent son nom et admirent son jeu d’acteur. Beaucoup de stars éprouvent le besoin d’écrire leurs mémoires. Récemment ce fut le cas de l’actrice italienne Monica Vitti et côté américain, de Paul Newman, Lauren Bacall, Marlène Dietrich, l’acteur transgenre Peter Elliot. Pourtant, il est souvent préférable de ne rien savoir de la vie de nos idoles…
Une enfance dans les ténèbres de la pauvreté
S’il y a bien des gens qui sont différents, ce sont les acteurs. Le livre d’Al Pacino le prouve une nouvelle fois si besoin était. Pourtant, l’enfance des acteurs est très loin de faire rêver. Sonny Boy était le surnom que lui donnaient sa mère et sa grand-mère. Il est tout jeune quand sa mère fait une tentative de suicide mais en réchappe. Ce sont ses copains qui le font tenir et lui donne espoir mais leur principale préoccupation est surtout de faire « des conneries » … Il décrit cette période comme étant les ténèbres de la pauvreté et remercie sa mère qui lui a évité de s’engager sur le chemin de la délinquance. Il commence par jouer sur les planches scolaires et découvre La Mouette de Tchekhov qui le bouleverse et le conforte dans sa volonté de devenir acteur. En attendant la gloire, il fait plein de petits boulots. N’ayant pas d’argent, il troque ses cours au Herbert Berghof Studio contre du ménage. Il s’inscrit dans la foulée à la bibliothèque pour avoir chaud et découvre l’émerveillement de la lecture.
Sa bonne fée, l’actrice Faye Dunaway
Sa mère finit par se suicider, il a 21 ans. Il lui faut alors impérativement connaître le succès car c’est sa seule chance de survivre dans ce monde. Il boit et prend des cachets pour se rassurer. À 25 ans, il est gardien d’immeuble mais il joue dans une pièce L’indien cherche le Bronx dont la critique du Times est dithyrambique à son sujet. Il est remarqué par la très belle Faye Dunaway qui est l’héroïne auréolée de gloire du film Bonnie & Clyde et qui lui conseille de contacter son agent Marty Bregman. Ce dernier s’occupe de lui. Au cours d’une pièce, il rencontre l’actrice Jill Clayburgh avec qui il vit quelques années. Elle sera remplacée par Marthe Keller et Diane Keaton. Il joue dans une pièce Un tigre porte-t-il une cravate ? Un certain Francis Ford Coppola lui propose un rôle marquant dans son film Le Parrain. Son agent lui dit, « Je ne ferais pas de toi une star car tu es une star. » Son analyse de la célébrité est fort lucide car parlant de Marlon Brando, Cary Grant ou Clark Gable, il écrit « Ils étaient célèbres avant que la notion ne soit galvaudée. »
La boisson comme compagne
Il confesse avoir dit non aux réalisateurs Bernardo Bertolucci, Ingmar Bergman et même au génial Federico Fellini. À cette période, il boit jusqu’à perdre connaissance et sombre dans l’alcoolisme à l’instar de nombreux acteurs. L’alcool aide à faire face aux angoisses et aux doutes dont sont hantés les artistes. Il ne joue pas le jeu de la publicité car moins on en sait sur son compte plus on se concentre sur son jeu d’acteur. D’autre part, il est timide et n’aime pas l’attention qu’on lui porte.
Sa vraie passion, le théâtre
Il accepte de jouer dans le Parrain 2 et 3 mais ce qu’il aime par-dessus tout, c’est jouer Richard III de William Shakespeare au théâtre. Il lutte contre son addiction à l’alcool et réussit à s’en sortir grâce à la thérapie. Il gagne beaucoup d’argent mais échoue dans la gestion de sa fortune. Il avoue dépenser à cause de son train de vie fastueux jusqu’à quatre cent mille dollars par mois, ce qui à l’époque est énorme. Il s’épanouit pleinement dans son rôle de père, le plus beau à ses yeux. En 2001, sa compagne l’actrice Beverly d’Angelo donne vie à des jumeaux, il a déjà une fille Julie Marie, née en 1989. En 2023, il est le père d’un garçon Roman (il a 83 ans, sa compagne a 57 ans de moins que lui). Il restera dans l’esprit du public l’interprète de génie du Parrain, de Serpico, Un après-midi de chien, Heat et aussi de la série de Mike Nichols Angels in America, chef d’œuvre incontestable où il affronte l’immense Meryl Streep. La rencontre inoubliable de deux géants du cinéma au sommet de leur art. À voir ou à revoir !
Sonny Boy de Al Pacino – Éditions Seuil – 384 pages – 27 € – seuil.com