SURRÉALISME

+ qu'une doctrine, une attitude de l'esprit

Combat de Penthesilée I © Raoul Ubac

Deux villes et deux ambiances

À Bruxelles deux expositions célèbrent les 100 ans du surréalisme. La première à Bozar, retrace le mouvement avant-gardiste du XXème siècle sous le titre : Histoire de ne pas en rire, le surréalisme en Belgique. La seconde aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique sous le titre : IMAGINE ! 100 years of International Surrealism.

Paris et Bruxelles deux villes unies par le phénomène surréaliste

Le surréalisme ne se présente plus, tellement il fut l’un des mouvements artistiques parmi les plus importants du XXème siècle. Le célèbre René Magritte, en fut un des précurseurs et un maître en la matière. C’est en 1924 que naît en Belgique le surréalisme avec des tracts du poète Paul Nougé, qui précise : « Comment donc ne s’est-on pas aperçu qu’avant d’être une doctrine le surréalisme est fondamentalement une attitude de l’esprit ? » Dans le même temps paraît à Paris le Manifeste du surréalisme d’André Breton, véritable plaidoyer pour l’imaginaire et l’inconscient. Le surréalisme a donc 100 ans, une occasion pour le célébrer dans la capitale belge. Deux villes et deux ambiances. À Paris, la figure d’André Breton brille, soutenue par les Noailles, Jean Cocteau, Luis Bunuel, la liste est longue et non exhaustive. À Bruxelles, Paul Nougé fait plutôt un travail dans l’ombre voire dans l’anonymat.

L’exposition à Bozar présente cet art subversif en ce sens que les artistes voulaient proposer une réelle transformation du monde. L’exposition, en commençant par son titre qui est une référence directe au livre de Paul Nougé (publié par Marcel Mariën en 1956) qui regorge d’humour facétieux et souvent provocateur. Mais le XXème siècle fut aussi empoisonné par deux guerres mondiales… À l’aide de plusieurs frises, les événements historiques majeurs sont bien utiles à l’exposition pour donner un cadre aux œuvres présentées. Par exemple, nous réalisons que l’occupation de la Belgique par les troupes allemandes en 1940 a considérablement réduit l’activité surréaliste. Il suffit pour s’en convaincre, de regarder sur Netflix, la superbe série Transatlantique, qui évoque l’histoire des peintres surréalistes qui entre 1940 et 1941, sont bloqués à Marseille et attendent dans une belle villa mise à leur disposition, leurs papiers pour fuir la France et s’exiler à l’étranger loin du fracas de la guerre.

Deux lieux à Bruxelles mais une seule motivation

Aux musées royaux des Beaux-Arts et conçue en cllaboration avec le Centre Pompidou (Paris). Le musée propose, une immersion dans la poésie surréaliste, à travers les thématiques du rêve, du labyrinthe, de la métamorphose, de l’inconnu et du subconscient, emmenée par les grands noms du surréalisme, de Max Ernst à Giorgio de Chirico, en passant par Salvador Dalí, Joan Miró, Jane Graverol, Dorothea Tanning, Man Ray, Leonor Fini, etc. Même la couturière Elsa Schiaparelli participa au mouvement en s’inspirant des œuvres de Salvador Dali pour créer des modèles de haute couture pour ses riches clientes. La volonté des MRBAB est d’offrir une lecture élargie du surréalisme à travers une perspective symboliste, à travers plus de 130 œuvres d’art (peintures, œuvres sur papier mais aussi sculptures, objets, assemblages et photographies). En raison du centenaire de la publication du « Manifeste du Surréalisme » (1924), de l’importance de ce mouvement pour la Belgique, de sa diffusion et de sa signification dans un contexte européen, 2024 est une année propice pour mettre le surréalisme à l’honneur.

En France, la fin du surréalisme est officiellement proclamée en 1969. En Belgique cependant, le courant ne s’arrêtera jamais. Raison de plus pour courir voir ces deux expositions.

Une précision, un ticket vous donne accès aux deux expositions.

Gilles Vaille

Histoire de ne pas rire. Le surréalisme en Belgique – Jusqu’au 16 juin 2024 (fermé les lundis). Bozar, Rue Ravenstein 23, 1000 Bruxelles -Tarif Standard : 18 € (sauf réductions). bozar.be

IMAGINE! 100 Years of International Surrealism – Jusqu’au 21 juillet 2024 (fermé les lundis). Musées Royaux des Beaux-Arts de Belgique, Rue de la Régence 3, 1000 Bruxelles -Tarif Adultes: 18 € (sauf réductions) – fine-arts-museum.be

Salvador Dalí, Soft Construction with Boiled Beans (Premonition of Civil War) | Construction avec des haricots bouillis, Prémonition de la guerre d’Espagne | Gebouw met gekookte bonen, een voorbode van de Spaanse Burgeroorlog (1936) – Oil on canvas | huile sur toile | olieverf op doek (99,9 x 100 cm) -Philadelphia Museum of Art, The Louise and Walter Arensberg Collection