Tisser, broder, sublimer

En cette fin d’année 2025, le Palais Galliera transforme ses galeries en un véritable laboratoire du beau, un hommage à l’artisanat textile français du XVIIIe siècle à nos jours. Le musée parisien inaugure ainsi un nouveau cycle consacré aux savoir-faire qui façonnent la mode. Trois expositions successives aborderont les métiers et les techniques de la couture sous différents angles.

La première expo ouvre le bal à l’art magistral de l’ornementation. Un hommage vibrant à ces gestes millimétrés – tissage, broderie, dentelle, impression, fleurs artificielles – qui transforment la matière brute en poésie textile.

La fleur, reine des ateliers

Pour ce premier chapitre, Galliera choisit un motif universel et intarissable : la fleur. Présente depuis le XVIIIᵉ siècle dans les garde-robes aristocratiques comme dans les créations les plus futuristes, elle devient ici fil conducteur. Ses métamorphoses, d’époque en époque, révèlent la virtuosité des artisans : volumes sculptés, coloris travaillés comme des pigments de maître, motifs placés avec une précision presque chorégraphique.
On passe ainsi d’un gilet broché de l’Ancien Régime à une silhouette Balenciaga ultra contemporaine imprimée au laser, d’une Chantilly pudique à un camélia Chanel éternellement moderne. Chaque pièce raconte comment la fleur inspire, structure, perturbe ou magnifie le vêtement.

Un écrin de plus de 350 œuvres

Le parcours réunit plus de 350 trésors : robes et accessoires bien sûr, mais aussi archives, photographies, outils, échantillons, témoins silencieux des ateliers d’hier et d’aujourd’hui. Certaines pièces ont même été créées spécialement pour l’occasion par une nouvelle génération de talents.
Le musée invite le visiteur à ralentir, à regarder autrement : des tables équipées de loupes permettent de plonger littéralement dans les tissus, de comprendre la complexité de ces gestes qui, souvent, se lisent mieux au point près qu’au regard global. Une immersion quasi tactile dans la fabrique du vêtement.

Faire apparaître ceux que l’on ne voit jamais

L’exposition a aussi une mission essentielle : redonner leur place à celles et ceux qui, derrière la célébrité d’un couturier, tiennent l’aiguille, le crochet ou la plume. Les ateliers mythiques – Lesage, Hurel – côtoient de nouvelles signatures prometteuses comme Baqué Molinié ou Aurélia Leblanc. De la brodeuse au créateur textile, du plumassier au parurier floral, ces métiers de l’ombre dessinent une cartographie sensible du savoir-faire parisien, cosmopolite et toujours en mouvement.

Une ode à la main, au temps, à l’excellence

Avec Tisser, Broder, Sublimer, le Palais Galliera ne se contente pas de retracer l’histoire des ornements : il rappelle que la mode, avant d’être un geste esthétique, est un dialogue intime entre la main et la matière. Dans une époque fascinée par la vitesse, l’exposition célèbre la patience, la transmission et l’audace technique – ces ingrédients qui font de cet art français un terrain d’invention unique au monde.

Un rendez-vous incontournable pour quiconque veut comprendre la mode non comme un simple effet de surface, mais comme une œuvre façonnée par des savoir-faire d’exception.

Sylvie DI MEO

Tisser, Broder, Sublimer – Les Savoir-faire de la Mode – Palais Galliera Musée de la Mode de Paris – 10, avenue Pierre 1^er de Serbie- Paris 16è – du 13 décembre 2025 au 18 octobre 2026 – Billets de 12 € à 17 €. Réservation : www.billetterie-parismusees.paris.fr palaisgalliera.paris.fr