Vivienne Westwood par V.bergen

styliste et militante

                                           Toutes les photos : © E/P/A  

Un orage habillé de tartan

Véronique Bergen, nous narre le destin d’une autre enfant terrible de la mode, la styliste britannique Vivienne Westwood, décédée en décembre 2022 à 81 ans.

La touche Véronique Bergen

Bergen construit toujours ses livres autour des mêmes chapitres à savoir : Histoire, Inspiration, Coulisses, Esthétique, Influence et ça fonctionne parfaitement. Le styliste n’est pas qu’un simple dessinateur de mode, il véhicule derrière lui, son enfance, ses racines, ses souvenirs et sa culture afin de donner naissance à un style reconnaissable entre tous, ce qui était le cas de Vivienne Westwood. Cette dernière étudie la mode pendant un trimestre à la Harrow School Art. Elle devient ensuite enseignante dans une école primaire – un métier qu’elle exerce jusqu’en 1971. Elle a déjà une manière particulière de s’habiller, qui mêle rébellion punk, avant-garde artistique et élégance excentrique typiquement britannique.

Elle aime la vie nocturne. C’est ainsi qu’aux environs de 1959, elle rencontre Derek Westwood qui dirige un night-club avec qui elle se marie en juillet 1962 et a un fils, Benjamin Westwood, avant de divorcer en 1966.

Un duo qui devient l’épicentre du mouvement Punk

Elle a un second fils, Joseph, en 1967, avec son nouveau compagnon Malcolm McLaren (alors, étudiant en arts plastiques).  En 1971, Malcolm McLaren, Vivienne Westwood et Patrick Casey s’installent au 430 Kings Road à Londres, dans une boutique sombre avec un juke-box du nom de Paradise Garage. Leur magasin prend différentes orientations et noms successifs – passant par Let it Rock pendant la période hippie ou encore Too Fast To Live Too Young To Die avant de devenir Sex, la fameuse boutique de mode punk. C’est ainsi que le couple devient l’épicentre de ce mouvement. Malcolm McLaren est aussi le manager du groupe Sex Pistols, dont la chanson God Save the Queen sera perçue comme une attaque envers la monarchie. Plus tard, en 1994, Malcolm sera l’auteur d’un magnifique album, dédié à Paris avec une touche mode très sophistiquée et la collaboration de la belle Catherine Deneuve, la chicissime Loulou de la Falaise et l’iconique Françoise Hardy. La collection automne-hiver 1883-84 signe la fin d’une collaboration entre la styliste et McLaren. Vivienne poursuit sa démarche créatrice radicale, affranchie des modes et des tendances. Au début des années 1990, elle forme un duo percutant avec le styliste allemand Andreas Kronthaler qu’elle épousera en 1992 et qui est son cadet de 25 ans.

Vivienne Westwood, une anticonformiste

La fibre subversive excentrique de Vivienne Westwood, s’inscrit comme un fil rouge dans ses collections : « La seule raison pour laquelle je suis dans la mode est de détruire le mot conformité ». Elle pense que la mode a une mission, celle d’agir sur l’époque. Sa boutique Let It Rock ouvre à 20h et ne reste ouverte que deux heures ! Malcolm MCLaren déclare d’ailleurs au New Yorker « Nous cherchions à couler notre affaire de la manière la plus flamboyante qui soit, car seul un échec vraiment fabuleux pourrait nous offrir une chance de réussir un jour. » Avec Sex, le duo crée un lieu qui emblématise l’osmose entre musique, mode, sexualité et politique. La première collection Pirate inaugure la période préromantique dans la boutique appelée cette fois Worlds End (La fin du monde). On trouve même à Paris dans les Halles, une boutique Pirates lancée par la mannequin Joy de Caumont et son compagnon Claude Challe qui, bien sûr, vendait du Vivienne Westwood.

Une femme engagée

Westwood est et restera toute sa vie une militante. Sa collection en 2006 Active resistance est un combat pour l’écologie. La liberté est aussi le thème de sa collection automne hiver 1994 -1995. Elle s’empare du tartan comme d’une arme et fait défiler des hommes en kilt avec des vestes richement brodées dans un défilé non genré. Elle remet au goût du jour, sur les podiums, les crinolines inspirées du XVIIIe siècle. Elle bannit la fourrure de ses collections, attentive au bien-être animal et milite pour une mode écoresponsable. En 2012, elle crée sa fondation écologiste Climate Revolution et appelle à réagir sur l’urgence climatique. C’est une styliste activiste. Sa marque lui sert à promouvoir ses combats et interpeller les multinationales et les dirigeants politiques. Elle est nommée en 1990 et 1991, British Designer of the Year, est faite officier de l’ordre de l’Empire britannique en 1992 et consacrée Dame par le prince Charles en 2006. Pour une femme qui revendiquait de bousculer l’ordre établi, quelle revanche sur le destin !

Vivienne Westwood fut un orage habillé de tartan,une flamme indomptable qui brûla les règles pour en inventer de nouvelles. Elle ne cherchait pas à plaire mais à éveiller.

Sylvie DI MEO

Vivienne Westwood – de Véronique Bergen – Éditions E/P/A – 208 pages – 35 € – editionsepa.fr

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