Vogue, the shoe

La part belle aux images

Photos ci-dessus : © The Condé Nast Publications Ltd

Des chausseurs devenus des stars

« Les chaussures comme les sacs sont un des derniers signes extérieurs de prestige ». Il faut saluer le travail colossal de Harriet Quick qui a sélectionné 300 photographies dans les archives de Vogue britannique. Elle maîtrise bien son sujet : journaliste, rédactrice de magazine, elle évolue dans le monde de la mode et du design depuis 20 ans et a remporté des prix prestigieux. Cette fois, elle convoque tous les Grands : chausseurs et photographes. Ainsi, feuilleter ce volume, qui laisse la part belle aux images, offre un réel plaisir pour trois raisons.

1-Beaux et hauts

Quel bonheur de regarder ces souliers de contes de fée, parfois de véritables objets d’art qui flirtent avec l’excentricité. Dans certains cas, mieux vaut les admirer que les porter. L’autrice en convient, « les rédactrices ne dérogent pas à un accord tacite avec les lectrices : le confort et les considérations pratiques restent des considérations secondaires et plutôt ennuyeuses ». 

Charlotte Dellal, une des créatrices les plus en vogue du XXe siècle , n’affirme-t-elle pas que « plus le talon est haut, mieux c’est ? ». Quinze centimètres pour des escarpins à plateforme dorée (en 2015). On peut aussi se pencher sur le talon sculptural de la botte/bas d’Alexander McQueen, présentée l’hiver 2010 lors de la dernière collection avant sa disparition ; ou encore sur une merveille architecturale de Pierre Hardy pour Nicolas Ghesquière.

2- Chausseurs et créateurs

L’ouvrage mixe le travail de chausseurs stars comme Manolo Blahnik (des sandales en soie inspirées par des chaussures de plongée), Jimmy Choo (dont les pieds ne sont pas toujours perchés) ou Christian Louboutin dont les fameuses semelles rouges sont inspirées de la cour de Louis XIV : les talons de cette couleur étaient réservés à ceux qui bénéficient des faveurs royales.

Ses pages permettent aussi de découvrir les créations, voire les expérimentations de couturiers et de leurs équipes. Exemples avec la botte cage inspirée de la tour Eiffel (Stefano Pilati pour Yves Saint Laurent), le talon en forme de déesse imaginé par John Galliano pour sa collection Tribal Chic de Dior, ou les bottines blanches griffonnées comme un plâtre de la Maison Martin Margiela.

3-Photos d’art

L’art se niche aussi dans la scénographie proposée par des photographes de renom. Bien sûr, on ne se lasse pas d’admirer les gros plans et les détails raffinés de certains souliers, comme ces stilettos surmontés de figures de colibris incrustés de bijoux (Bruno Frisoni pour Roger Vivier), ces souliers bucoliques immortalisés par David Bailey, ou ces talons tueurs (mais oui) de Karen Collins. 

Mais on apprécie aussi de voir des silhouettes tantôt élégantes, tantôt extravagantes en situation. On adore la créativité de Patrick Demarchelier (passer avec les talons en python de Prada devant un éléphant). On aime les poses suggérées par Oliviero Toscani (pour les mules Ivory), l’humour d’Antony Armstrong-Jones (qui place, pour Dior, le directeur et le décorateur d’une boutique londonienne dans un univers de Gulliver) ou la classe absolue provoquée par William Klein (avec des tongs en caoutchouc).

Le livre refermé, on le confirme : la chaussure restera à jamais un objet d’émerveillement!

Isabelle BRIONE

Vogue -The Shoe – par Harriet Quick, 304 pages, 300 photographies. Editions E/P/A. 39,95 € – éditionsepa.fr

Photos ci-dessus : © David Bailey

Photos ci-dessus : © The Condé Nast Publications Ltd

Photos ci-dessus : © The Condé Nast Publications Ltd

Photos ci-dessus  : © Norman Parkinson Ltd / Courtesy Norman Parkinson Archive