VOIX ITALIENNES
Cinq fées sous les projecteurs
Toutes les photos : © Bertrand Pichène
Des parcours singuliers
Le Festival de La Chaise-Dieu s’étend depuis déjà quelques années de la Haute-Loire jusqu’à la Loire avec les villes du Puy-en-Velay, Brioude/Lavaudieu, Saint-Paulien, Ambert/Nouara, et plus récemment Marlhes et Montbrison.
La Collégiale Saint-Georges bâtie à partir du XIème siècle à Saint-Paulien jouit d’une acoustique incroyable due à une nef couverte d’une voûte à berceau brisé haute de 16 mètres. Cet édifice roman accueillait lors du festival un récital des Kapsber’girls. Fondé en 2015, l’ensemble est composé d’un noyau de quatre musiciennes passionnées par des répertoires pré-baroques et baroques dont le nom est un hommage à l’un des plus fameux compositeurs italiens du début du XVIIème siècle : Hieronymus Kapsberger. Pour l’occasion elles sont cinq. La formation est composée de deux sopranos : Alice Duport-Percier et Gabrielle Verbetian ; une basse de viole avec Garance Boizot ; une harpe triple avec Pernelle Marzorati ; au Théorbe, Tiorbino, guitare baroque direction Albane Imbs.
Au programme : des compositrices du XVIIème siècle
Quelle bonne idée de mettre en valeur des compositrices de la période baroque, floraison musicale de la première moitié du XVIIe siècle italien, et qui comptent des œuvres loin des répertoires de concert mais toutes pourtant illustres de leur vivant. Elles sont sept au programme : Isabella Leonarda, Andrea Falconieri, Francesca Campana, Francesca Caccini, Barbara Strozzi, Ercole Pasquini, Antonia Bembo. Chacune d’entre elles a un parcours bien particulier, mais elles sont dans l’ensemble issues de milieux italiens aisés et cultivés. Francesca Caccini est à l’époque la musicienne la mieux payée de la cour dans les années 1620. Antonia Bembo quitte l’Italie pour fuir un mariage violent et s’installe à Paris grâce à la protection du roi Louis XIV à qui elle dédie plusieurs volumes, dont un opéra Ercole Amante. Isabella Leonarda compose plus de deux cent cinquante partitions. Concernant Francesca Campana, une lettre de recommandation adressée au duc Francesco d’Este la décrit comme une personne qui compose seule, chante comme un ange, joue divinement de l’épinette et est une femme tempérée.
Les interprètes : la complicité pour mot d’ordre
Le plus de ce beau concert est que chacune des interprètes présente une anecdote liée à chaque compositrice inscrite au programme. C’est charmant et instructif car ces musiciennes italiennes sont, dans l’ensemble aujourd’hui inconnues, sauf d’un public averti. Pourtant, la Collégiale était pleine et le succès au rendez-vous. L’évidence de la complicité entre ces cinq interprètes qui se comprennent d’un simple regard a gagné en émotion. Les deux sopranos sont excellents que ce soit lors de duos enchanteurs ou en solo. On aime particulièrement le Che si puo fare de Barbara Strozzi et In amor ci vuol ardir, entraînant.
Les applaudissements sont nourris et amplement mérités. Un très beau répertoire et une bien belle soirée !
Christian CHARRAT
Retrouvez plus d’informations sur le festival sur le site chaise-dieu.com – leskapsbergirls.com –