Weegee

Le photographe le + choc de sa génération

Charlie Chaplin, Distortion, 1950
© International Center of Photography.

Il devient photographe ambulant

La Fondation Cartier-Bresson à Paris met en lumière l’œuvre photographique de Weegee (de son vrai nom Usher Fellig) qui est assez peu connue en France. L’exposition est en place sous le sous-titre titre « Autopsie du spectacle ».  Mais de quel spectacle parle-t-on ?  Celui de la haute société new yorkaise ou celui plus sanglants, des accidents de la route et des règlements de compte entre mafieux ?

Branché sur la fréquence de la police

Ce gamin des quartiers pauvres du Lower East Side est né le 12 juin 1899 dans une famille juive de Zolotchiv. À l’âge de 11 ans, il rejoint son père émigré aux États-Unis. Au bureau d’immigration d’Ellis Island, il devient Arthur Fellig. Il quitte l’école à 14 ans et commence à travailler pour aider sa famille. Après avoir pratiqué différents métiers, il devient photographe ambulant, travaille chez les photographes Duckett & Adler puis dans les laboratoires de l’agence ACME Newspictures. À partir de 1935, il se met à son compte en tant que photographe-reporter. Vers 1937, il commence à utiliser le pseudonyme de Weegee, puis, vers 1941, à marquer l’arrière de ses tirages d’un tampon en forme de prophétie autoréalisatrice : « Weegee the Famous ». 

Le jeune homme, pendant 10 ans, est branché sur la radio de la police, ce qui est un délit mais il a, semble-t-il, des accointances avec la police. Il photographie, principalement la nuit, les crimes, arrestations, incendies, accidents et autres faits divers les plus glauques.  

En 1945, il réunit ses meilleurs clichés dans un livre intitulé Naked City [La Ville nue] qui rencontre un réel succès d’estime et de vente. Weegee découvre la célébrité.

Des scènes de crime aux plateaux d’Hollywood

Fort de son succès, il part s’installer à Hollywood où il travaille pour l’industrie cinématographique en tant que conseiller technique et parfois même aussi comme acteur. Il développe diverses techniques de trucages photographiques avec lesquels il caricature les célébrités.  En décembre 1951, après quatre ans sur la côte ouest, il retourne à New York mais ne renoue pas pour autant avec son ancienne pratique. Jusqu’à sa mort, le 26 décembre 1968, la plus grande part de son activité consiste à profiter de sa notoriété pour publier d’autres livres, faire des tournées et des conférences et diffuser largement ses photo-caricatures dans la presse. 

La carrière du photographe est scindée en deux avec d’un côté, les clichés chocs parus dans la presse tabloïde nord-américaine : cadavres de truands gisant dans leur sang, corps incarcérés dans des véhicules emboutis, petits caïds à la mine patibulaire derrière les grilles du fourgon carcéral, taudis vétustes dévorés par le feu et quelques autres documents poignants sur la vie des plus démunis à New York entre 1935 et 1945.  Et de l’autre, des images festives hollywoodiennes : soirées mondaines, spectacles de saltimbanques, foules en liesse, vernissages et premières.

Il y a un étonnant parallèle entre le photographe et le peintre Andy Warhol qui fut visiblement inspiré par les photos de Weegee, car il fit des séries sur les accidents de la route, les suicides, la chaise électrique… et se concentra par la suite, à des portraits pour les riches et célèbres. 

L’exposition « Autopsie du Spectacle » a pour ambition de réconcilier les deux Weegee en montrant qu’au-delà des différences de formes, la démarche du photographe repose sur une réelle cohérence critique. Curieusement, pour Weegee, c’est sa période Tabloïde qui est la plus intéressante et la plus

forte !  Pour s’en convaincre, il suffit de comparer les clichés exposés entre ses deux univers même s’il se moque du milieu hollywoodien de ses gloires éphémères, des foules qui les adulent et des mondanités qui les entourent… Il a perdu de sa puissance. On le devine plus captivé par les malfrats, les corps étendus sur les trottoirs et les travestis descendant d’un fourgon de police, que par la haute société et ses flots de champagne.

C’est une exposition témoignage sur deux milieux fascinants, au travers de clichés criants de vérité signés d’un pionnier du photojournalisme, précurseur de la photographie à sensation des tabloïds et artiste reconnu.

À voir absolument !

Weegee – Autopsie du Spectacle – Jusqu’au 19 mai 2024 – Fondation Henri-Cartier Bresson 79 rue des Archives 75003 Paris – Tèl : + 33(0)1 40 61 50 50 – henricartierbresson.org

Autoportrait avec un appareil Speed Graphic, 1950
© International Center of Photography. Collection Friedsam.

Charles Sodokoff et Arthur Webber se cachent le visage avec leurs chapeaux hauts-de-forme, 1942 – Paris
© International Center of Photography. Louis Stettner Archives,

 

Anthony Esposito, soupçonné d’avoir assassiné un agent de police, 1941 – Paris
© International Center of Photography. Louis Stettner Archives,

 

Homme arrêté pour travestissement, 1939 – Paris
© International Center of Photography. Louis Stettner Archives,

Weegee

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