Wim Wenders - Prix Lumière 2023
Cinéaste accompli et brillant photographe
Un hommage sincère
Il est le récipiendaire du prestigieux Prix Lumière 2023 et fait une entrée remarquée et très applaudie sur la scène de l’amphithéâtre 3000 au son de I don’t want a lover du groupe Texas. Il déplaça dans son sillage nombre de stars venues à Lyon pour lui rendre un hommage appuyé. On peut compter sur Thierry Frémaux et l’agence Tournée Générale pour déplacer le tout cinéma. La chanteuse Jeanne Cherhal reprend -plutôt bien- le titre de Lou Reed Perfect day qui illustre le dernier film éponyme –Perfect days– du réalisateur allemand.
Avant que ne lui soit remis le prix, Irène Jacob (Présidente de l’Institut Lumière) Aurore Clément, Alfonso Cuaron, Rüdiger Vogler et son vieil ami l’auteur Peter Handke, chacun prend la parole pour lui rendre hommage. Peter Handke refusant de parler lui joue un air à l’harmonica. Cela tombe bien car Wim Wenders est l’auteur du très beau documentaire Buena Vista social Club. La soirée se clôtura avec le groupe lyonnais Colectivo Caliente qui interprète Candella. Personne n’est insensible à la célèbre mélodie composée par Ry Cooder pour le film Paris, Texas. Wenders avoue aimer Art Blakey, les Jazz Messengers, Miles Davis mais aussi Pink Floyd ou Jean-Sébastien Bach. On devine qu’il aime aussi la mode et Yohji Yamamoto car lors de sa brillante master class qui s’est tenue au Théâtre des Célestins, il portait une veste du styliste japonais. Il a d’ailleurs tourné un documentaire sur cette icône de la mode sous le titre Notebook on a city and clothes.
Durant sa master class, il évoque ses débuts en tant que peintre mais sent très vite qu’il n’est pas très doué et au cours d’un voyage à Paris, il rencontre Henri Langlois le créateur de la Cinémathèque de Paris et le voit régulièrement durant une année et décide, fasciné par la culture de Langlois, de devenir cinéaste. Il suit les cours d’une école en Allemagne qui n’avait même pas de caméras à disposition pour les étudiants. Il vend son saxophone pour acheter une caméra 16 mm qu’il prête aux autres étudiants. Il réalise un premier long métrage de plus de deux heures mais qui n’est jamais sorti car personne ne lui avait dit dans son école, qu’il y avait des droits à payer aux artistes et comme il le raconte à un public amusé, il avait mis le paquet ! Tous les grands musiciens de l’époque étaient dedans dont les Stones, Elvis Presley, etc. et le film n’a pas survécu…
Au fil du temps, il décide de partir aux États-Unis et y reste huit ans. Il tourne des films aux USA dont le célèbre Paris, Texas mais gardant au fond de lui ce qu’il appelle son romantisme allemand, il retourne en Allemagne. Sa période américaine lui offre aussi de démontrer son talent de photographe et ses (beaux) tirages sont exposés dans trois galeries lyonnaises. Tous les grands photographes sont des réalisateurs en devenir. Il rencontre un petit bout de femme Claire Denis, qui l’assiste d’une manière extrêmement efficace et qui deviendra par la suite une excellente réalisatrice.
Si on lui demande quel est pour lui, son meilleur film ? La réponse fuse rapidement alors qu’il parle plutôt lentement et posément : le prochain !
Photo : © Olivier Chassignole
Photo : © Olivier Chassignole