Drag

Ou le retour d’un épiphénomène

Couverture : © Grasset

Qui sont les drag queen ?

La sortie du film en 1994 Priscilla folle du désert, film de Stephan Elliot avec Terence Stamp, Guy Pearce et Hugo Weaving fit découvrir au monde entier, très amusé, le monde des drag queen.  Qui sont les drag queen ? Des jeunes hommes qui se déguisent en créatures féminines outrancières et flamboyantes, en se créant une personnalité soutenue par des noms souvent composés de jeux de mots plus ou moins réussis.

Dans les grandes années du Queen à Paris où régnait la très drôle et cinglante Galia, il y avait régulièrement des prestations de drag queen.  Puis, cette tendance s’étant calmée, les créatures allèrent se démaquiller et se rhabiller.

Ru Paul, la plus grande des drags queen américains au propre comme au figuré, connut un pic de célébrité en 1990, il enregistra un CD « Supermodel » dans l’air du temps (celui des supermodels : Linda Evangelista, Christie Turlington, Cindy Crawford, Claudia Schiffer, Naomi Campbell.) Ru Paul, revint sur le devant de la scène en 2016 avec un show de téléréalité Ru Paul’s Drag Race (à voir sur Netflix.)

Cet univers inspira Johan Zarca qui fit de Tony, son personnage principal, un banlieusard de la cité de Noisy qui se transforme la nuit à Paris en drag queen sous le pseudonyme de Reine Nita et hante les soirées parisiennes où l’assistance est amusée par son sens du travestissement. Curieusement, le héros n’est pas homosexuel, c’est juste un jeune homme d’une vingtaine d’années qui rêve d’être acteur et de quitter son milieu familial.  Dans sa ville de Noisy, il se doit jouer les machos et se fondre dans le moule des lascars de banlieue.  Son avatar, Reine Nita, lui permet de sortir de son milieu et de vivre par procuration, des soirées de plaisir qui conforte son égo que l’on devine énorme. Mais, que se passerait-il si un jour, ses amis de Noisy découvraient son identité de la nuit ?

L’auteur Johann Zarca est, on le sent, très imprégné des écrits de Virginie Despentes ou de Frédéric Beigbeder, trop peut-être ?  Le jargon des banlieues est parfois difficile à saisir pour qui ne les fréquente pas.  Si son livre permet de s’immiscer dans la vie d’une drag queen, la schizophrénie du personnage n’émeut pas. On sait que les homosexuels des cités doivent se cacher et prétendre à la virilité pour ne pas être moqués, agressés voire violés.  Hélas, il y a un lien qui ne se crée pas entre cette diva des dancings car le lecteur est irrité par la prétention de cette dernière.

On retiendra toutefois que cet ouvrage démontre une fois de plus, que l’homophobie est toujours bien réelle dans de nombreux pays dont la France. Mais à l’inverse de beaucoup d’autres pays, ici elle est condamnable. Rien que pour cela, il faut lire cet ouvrage qui est un plaidoyer pour la différence

Drag de Johaan Zarca – Éditions Grasset – 216 pages – 20 € – grasset.fr

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