Grigoris Vasilas

Le musicien grec Grigoris Vasilas & the white rose of Athens ont mis le feu à l’amphithéâtre de Fourvière à Lyon. 

En première partie, le trio Kaïmaklis offre au public une belle mise en appétit avec des chansons remontant dans les années 30/40.  C’est touchant, instructif et amorçait brillamment ce qui allait suivre… 

La Grèce est le berceau de la civilisation occidentale, ce qu’il ne faut jamais oublier. C’est aussi le berceau de la démocratie tant malmenée de nos jours.  La musique grecque est synonyme de fêtes mais aussi de drames. Le Rébétiko est ce blues méditerranéen né il y a un siècle dans les bas-fonds des ports grecs – et notamment du Pirée. C’est une musique de « mauvaise vie » (définition sublime de l’âme de cette musique.) Le pays est secoué par la guerre contre les turcs kémalistes, puis par la Seconde Guerre mondiale qui ravage le pays et auquel se greffe une guerre civile entre communistes et royalistes. Plus proche de nous, le régime des colonels fait tomber une chape de plomb sur le pays. Les artistes résistent au régime dictatorial des colonels et à leur manière dans leurs chants, leur cinéma dont Theos Angelopoulos, Irène Papas ou l’icône de la résistance, l’actrice et chanteuse Mélina Mercouri, sont les figures emblématiques.  Mélina Mercouri, qui suite à la chute des colonels, devient Ministre de la Culture. Un hommage vibrant lui est rendu lors du concert avec la chanson Kokkina Fanaria. Son ombre plane sur Fourvière et l’assistance devient silencieuse et respectueuse. 

Les chansons de Mélina Mercouri sont aujourd’hui remixées par des DJS et toujours d’actualité, il faut écouter l’album Playing with Melina pour être convaincu de la modernité de ses chansons. Grigoris Vasilas, lui, ne remix rien, il met son talent non seulement au service de cette femme charismatique mais aussi de son pays et de ses émotions.  Le public est conquis, le groupe prend plaisir à partager son amour pour la musique de son pays, ils ont la même ferveur que le musicien Goran Bregovic (qui lui aussi s’était produit aux Nuits de Fourvière) à jouer devant une assistance totalement conquise.  

Grigoris Vasilas et son groupe, jouent avec les émotions du public et l’assistance passe de la joie à la tristesse au son des bouzoukis.  Le public se laisse embarquer sur les montagnes russes des émotions.  Les musiciens et les spectateurs ont du mal à se séparer, mais n’est-ce pas là le secret d’un concert réussi ?

Les Nuits de Fourvière jusqu’au 28 juillet – nuitsdefourviere.com