LA GRANDE BELLEZZA

Chef d'œuvre absolu !

On voit le film se dérouler sous nos yeux

Ce sont des films qui vous bouleversent à tout jamais et que l’on ne peut oublier.  La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino, tout comme Le Satyricon de Fellini en font partie. Paolo Sorrentino est d’ailleurs l’héritier cinématographique du génial Federico Fellini. Il nous offre sa vision sublime de la ville de Rome que Fellini avait lui aussi partagé avec le public dans son film Roma.

On déplore que le Festival de Cannes ne lui ait pas attribué La Palme d’Or en 2013.  Les américains reconnurent, eux, la grandeur de cette œuvre puisqu’il remporta l’Oscar du meilleur film étranger.  Nul besoin de fréquenter les gens (très) riches pour ne pas percevoir l’ennui qui les habite. La course aux mondanités est un symptôme fréquent car rien n’est plus difficile pour ces gens que de se retrouver seuls face à leur miroir car ils ne peuvent plus tricher avec eux-mêmes. 

Avant de devenir un film somptueux sur le temps qui passe, c’était avant tout un scénario écrit avec Umberto Contarello. Les Éditions Séguier, qui se définissent à juste titre comme éditeur de curiosités, ont eu l’excellente idée de sortir le scénario en livre avec un avant-propos (brillant) de Paolo Sorrentino. Sa lecture vous projette dès les premières pages, au cœur de Rome où un journaliste mondain vieillissant (Toni Servilo, admirable) arpente la ville à la nuit tombée. Cynique et prématurément désabusé, il erre repensant à son passé. Il reçoit à différentes occasions ses amis sur sa belle terrasse avec vue sur le Vatican, pour échanger des paroles vides de sens. Son ambition est simple, il voulait devenir le roi des mondains pas seulement pour participer aux fêtes, mais pour avoir le pouvoir de les gâcher… Et il y parviendra. 

Paolo Sorrentino, confesse qu’à dix-neuf ans, il partait régulièrement en virée à Rome, ville dont il dit qu’il ne cherche pas à la connaître en profondeur, car dans toutes les choses que l’on saisit à fond pointe le risque de la déception.  Il décide de faire des films non pour montrer facilement du doigt ce qui ne va pas mais pour chercher LA BEAUTÉ en majuscules !  Ils sont peu nombreux ces gens qui ne peuvent poser leur regard que sur des gens beaux, des décors magnifiques où même leurs chiens se doivent d’être racés et sublimes.

La musique est très présente au fil des pages et le scénario est illuminé de phrases amusantes et pertinentes : « Une fille anorexique promène un chien anorexique » ou encore « Une ravissante top model aux velléités artistiques évanescente et anémique à la limite du trépas. »  Le héros, lui, considère que les funérailles sont l’événement mondain par excellence…

À la lecture de ce scénario-roman, on s’imagine être une star de cinéma qui lit ce dernier, s’amuse et adhère dès les premières pages à l’histoire. On voit le film se dérouler sous nos yeux et on peut ressentir l’ambiance de folie de la scène (spectaculaire) d’ouverture sur la musique La Colita de S.B. S.  

Un scénario subtil qui donna naissance à un chef-d’œuvre du cinéma, à lire sans tarder. 

La grande bellezza – de Paolo Sorrentino – Éditions Seguier – 240 pages – 21 € – editions-seguier.fr

LA GRANDE BELLEZZA

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