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La vie extraordinaire de KARL LAGERFELD

Une enfance triste et solitaire

À travers ce livre publié par les éditions Bouquins, William Middleton dresse un portrait captivant de Karl Lagerfeld, couturier et styliste au talent hors norme. Car le Kaiser ne s’est pas contenté de réinventer Chanel, il a aussi montré toute l’étendue de sa créativité chez Chloé, Fendi et pour sa propre marque.

William Middleton, journaliste de mode américain installé à Paris, a longtemps travaillé avec le Kaiser. Contrairement aux versions de Baptiste Giabiconni et Sébastien Jondeau qui manquent d’intérêt littéraire, l’ouvrage de Middleton se distingue par le récit des événements marquants de la vie du couturier intimement liés à l’évolution de la société, depuis son enfance pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu’à l’impact du Sida dans le monde de la mode.

Karl Lagerfeld passe tout sa vie à se rajeunir de cinq ans, jusqu’à se construire un look et un profil reconnaissable (même en ombre chinoise !) par le monde entier…costumes noirs stricts, veste cintrée, chemise blanche à col haut, lunettes de soleil sombres, catogan, éventail… Un incroyable destin malgré une enfance triste et solitaire construite autour de la lecture et d’une culture ouverte sur le monde (jeune, Karl parle déjà trois langues !). Né dans une famille allemande fortunée, son père comme tant d’hommes d’affaires allemands fut un membre officiel du parti nazi de 1933 à 1945. Sa mère, sévère et peu aimante, avait été, elle aussi, membre du parti nazi et possédait un sens de l’humour féroce. Alors que le jeune Karl portait un jour un chapeau de blaireau tyrolien avec une plume, sa mère lui dit sèchement. « Ne porte pas ça tu ressembles à une vieille lesbienne ! » considérant que l’homosexualité n’était pas un problème. De cette enfance, du passé de ses parents, de ses origines, le célèbre couturier en brouillera les pistes toute sa vie.

Karl Lagerfeld et Paris : une histoire d’amour

Soutenu par ses parents, il décide de vivre à Paris et prend des cours de dessin. Plus tard, il remporte le prix Woolmark dans la catégorie manteaux. Le jeune Yves Saint Laurent remporte lui un prix pour une robe noire.  Karl est alors remarqué par le grand couturier Pierre Balmain, qui lui propose un poste d’assistant où il s’impose par sa force de travail et devient indispensable.

Il quitte la maison Balmain pour Jean Patou où il reste cinq ans imprimant son style au fil des collections. En 1964, il rejoint la marque Chloé créée par Gaby Aghion. Un an plus tard, il collabore avec les sœurs Fendi et ce partenariat durera cinquante ans !

Jacques de Bascher, ange noir destructeur

À l’automne 1971, Karl âgé de trente-neuf ans rencontre l’amour de sa vie, Jacques de Bascher. Ce dernier, dilettante distingué, affamé de sexe hard et drogué, fascine Karl Lagerfeld qui l’entretien et le comble de présents somptueux. L’entourage de Karl le décrit comme étant snob et superficiel, arrogant et sans talent…  Si l’on se souvient de lui aujourd’hui, c’est qu’il était aussi l’amant de Saint Laurent, ce qui brisa le lien d’amitié entre les deux couturiers. Jacques de Bascher mourut du Sida à l’âge de trente-neuf ans à peine, sa relation avec Karl avait duré un peu moins de vingt ans.

Chanel, la Maison aux deux légendes

Karl est approché par Chanel en 1982, la fantaisie fait ainsi son entrée chez la griffe endormie. Séduit par une jeune femme rayonnante à l’élégance incroyable et l’aisance aristocratique, Karl prend Inès de la Fressange en amitié. Il en fait l’égérie attitrée de la célèbre Maison, symbolisant ainsi à travers le monde entier, le chic parisien.

Chanel sous le règne de Karl Lagerfeld atteint les 11 milliards de dollars de ventes annuelles. À la fin de la vie du Kaiser, l’illustre maison de mode proposait huit défilés par an. 

William Middleton nous fait pénétrer dans les mystères et l’intimité d’un génie de la mode, dans les salons les plus fermés de cet univers, dans les coulisses des podiums et dans le monde d’artistes talentueux, de mondains élégants et de stars internationales. Une question demeure pourtant, pourquoi n’y a -t-il pas un chapitre consacré au beau Baptiste Giabiconi qui partageait la vie privée comme professionnelle du couturier ? 

Paradise Now – de William Middleton – Éditions Bouquins – 513 pages – 26 €

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