Ripley
Troisième version
Toutes les photos : © Netflix
Les cadrages sont fort réussis
Patricia Highsmith publie en 1955 un thriller psychologique et le premier d’une série de cinq romans qu’elle consacre au personnage de Tom Ripley. Le livre fait partie des 100 meilleurs romans policiers de tous les temps, établi par Crime Writers’ Association en 1990 et occupe la 45ème place.
L’intrigue : Tom Ripley, cultivé mais impécunieux vit misérablement à New York de petites fraudes sans envergure. Un jour, le richissime Herbert Greenleaf l’approche et le charge moyennant finance, de partir sur la trace de son fils Dickie afin de le ramener aux États-Unis pour s’occuper des entreprises familiales. Ce dernier, richissime, vit oisif en Italie avec sa compagne Marge Sherwood, qui elle, se consacre à l’écriture d’un livre. Dickie n’a aucune intention de rentrer à New York et Tom peut perdre du jour au lendemain le train de vie luxueux qui lui est offert aussi bien par le fils que par le père. Sous prétexte d’un séjour à San Remo et d’une promenade en bateau, Tom assassine Dickie et usurpe son identité et son argent. L’intrigue est machiavélique et maintient le spectateur en haleine, sera-t-il démasqué ?
Le premier roman The Talented Mr Ripley, est adapté au cinéma en 1960 par René Clément sous le titre Plein soleil avec dans les rôles principaux, le félin Alain Delon, l’élégant Maurice Ronet et les plus beaux yeux du cinéma et de la chanson, la très belle Marie Laforêt (Romy Schneider y fait même une apparition). C’est une réussite incontestable et un grand succès populaire. `
Ce film est suivi en 1999 par The Talented Mr Ripley du réalisateur Anthony Minghella avec Matt Damon, Jude Law, Gwyneth Paltrow, Philip Seymour Hoffman et Cate Blanchett. Il offre une vision raffinée de l’Italie des années 60 et de son art de vivre. On se croirait dans une campagne publicitaire de Ralph Lauren tant les décors, costumes et photographies sont parfaits et raffinés. Le tout soutenu par le jeu et aussi la beauté des acteurs. Jude Law (Dickie Greenleaf) impeccablement bronzé est au sommet de sa beauté, il exhale une sensualité à fleur de peau. Sensualité qui trouble Ripley (Matt Damon). Minghella met l’accent sur l’homosexualité refoulée de Tom Ripley que l’on devine par certains regards insistants, surtout lorsque Dickie sort nu de son bain. La trame est la même mais la fin diffère de Plein soleil. Elle est plus inattendue, touchante et surprenante… Si l’on compare Plein soleil et Le talentueux Mr Ripley, le second emporte les suffrages tant l’ensemble est esthétisant et haletant.
C’est au tour du réalisateur Steven Zaillian de s’attaquer, sous forme de série diffusée sur Netflix, à ce bijou littéraire et cinématographique avec Andrew Scott (Tom), Johnny Flynn (Dickie) et Dakota Flaming (Marge). Le réalisateur choisit le noir et blanc, ce qui surprend mais donne un côté plus sombre à l’histoire. Une fois la surprise passée, on reconnaît le talent du chef opérateur qui avec ses plans ciselés, nous rappellent Orson Welles et son Citizen Kane ou les grandes heures du cinéma néo réaliste italien. Les cadrages sont fort réussis tel le canot dérivant sans pilote ou encore, la présence du chat de la concierge qui observe tout. Certaines scènes sont des tableaux et rendent hommage à l’Italie et son art, avec un clin d’œil à l’illustre peintre Caravage, roi du clair-obscur, qui tout comme Ripley, dut fuir ayant commis un meurtre. On entend aussi avec plaisir la musique du grand Nino Rota.
Cependant, le casting pose problème car Andrew Scott n’a pas le charisme ni la beauté d’Alain Delon et il est surtout trop âgé pour le rôle. Johnny Flynn ne peut faire oublier Jude Law et Dakota Flamming est plus terne que Marie Laforêt ou Gwyneth Paltrow. L’inspecteur chargé de l’enquête, est interprété par Maurizio Lombardi, qui lui, est absolument parfait mélangeant l’humour à la persévérance et dont les expressions soulignent avec brio la pensée. L’histoire et l’enquête se prolonge à Venise où Ripley s’installe richement et croise aussi bien la richissime Peggy Guggenheim qu’une faune interlope. En résumé, cette série est réussie en dépit d’un casting décevant sauf pour l’inspecteur et la comédienne Eliot Paulina Summer qui interprète avec une aisance confondante le rôle masculin de Freddie Miles.
La fin surprendra sans aucun doute les téléspectateurs. À voir sans hésitation.
Christian CHARRAT
Plein soleil – de René Clément – DVD – Carlotta films – 10 €
The talented Mr Ripley – d’Anthony Minghella – 2h14 sur Netflix
Ripley – de Steven Zaillian – 8 épisodes de 60′ sur Netflix
