Elliott erwitt

Place au silence

Photo © Elliot Erwitt – Berkeley, Californie, États-Unis, 1956

"Les choses sont droles"

Voila un photographe qui se levait en disant, « Je ne me lève pas le matin en me disant : je décide d’être drôle. Vous n’avez qu’à les regarder. Les choses sont drôles ».

Aujourd’hui, il serait difficile de partager cette opinion car nous vivons une période anxiogène. Comment s’échapper de cette réalité oppressante ? On peut toujours visiter l’exposition consacrée au grand photographe Elliott Erwitt qui se tient au Musée Maillol et ce jusqu’au 15 août 2023. 

Pour ceux qui ne connaissent pas son travail on récapitule. Il est né à Paris le 23 juillet 1928 de parents émigrés russes et grandit à Milan. Sa famille émigre aux États-Unis suite au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale à Los Angeles, plus précisément.  Il trouve du travail dans un laboratoire commercial où il tire des photos dédicacées de stars hollywoodiennes. Il étudie la photographie et la réalisation de films au Los Angeles City College.  Il s’installe à New York où il fréquente la New School for Social Research. Il est appelé sous les drapeaux et est envoyé en mission en France et Allemagne mais il est déjà un photographe accompli. 

Il croise la route de trois légendes de la photographie : Robert Capa, Edward Steichen et Roy Stryker. À peine 25 ans, il travaille pour les plus grands magazines tels : Life, Collier’s, Look, Holliday… Dans les années 70, il s’attaque à la réalisation de films documentaires, puis la décennie suivante, il s’attelle à des programmes pour la chaîne américaine HBO, qui est une référence dans le milieu télévisuel. 

 Photo : © Elliott Erwitt – USA. New York, New York. 1974.

L'émotion du premier regard

Il s’impose par son travail et son talent comme l’un des photographes majeurs de son temps. L’important dans la photographie c’est l’émotion qu’elle dégage au premier regard que ce soit une photo de mode ou de guerre. La photo d’Elliott Erwitt qui compose l’affiche de l’exposition touche car elle est drôle.  C’était à l’origine une photo publicitaire pour des chaussures. L’idée d’associer ce que l’on devine comme étant un dogue allemand à un chiwawa est pleine de poésie. Il dira même que le petit chien était un chien professionnel, un modèle qui fut payé…

Que dire du portrait mythique, d’un couple s’embrassant dans une voiture et dont le reflet s’affiche dans le rétroviseur, le bonheur simple irradie ce cliché. Cette célèbre photo servit de couverture au livre de Régis Descott, Souviens toi de m’oublier paru aux Éditions Jean-Claude Lattès.   Il côtoya aussi le du monde du cinéma et pris une photo légendaire de Marilyn Monroe sur le tournage de The Misfits où la star, souriante, est entourée de son mari Arthur Miller, Frank Taylor, Montgomery Clift, Eli Wallach, Clark Gable et John Huston. Le tournage fut un enfer et le malheur plane sur ce cliché. Marilyn disparu peu de temps après ainsi que Clark Gable. Montgomery Clift se battait contre son addiction à l’alcool qui aura raison de lui, il mourut à l’âge de 45 ans.  La série d’Elliot Erwitt sur les showgirls d’un casino de Las Vegas est saisissante.

S’il y a une exposition à voir à Paris, c’est bien celle de ce Monsieur de 94 ans qui vit toujours à New York et qui affirme à juste titre : «Le but de prendre des photos est de ne pas à avoir à expliquer les choses avec des mots» Place au silence donc !

C.C

Rétrospective Elliott Erwitt – Musée Maillol – 61 rue de Grenelle 75007 Paris – Tel : +33 (0)1 42 22 59 58
Entrée 16,50 € dès 26 ans – Ouvert tous les jours de 10h30 à 18h30 – Nocturnes tous les mercredis jusqu’à 22 h

museemaillol.com

Photo 1 : © Elliott Erwitt en réflexion, Tropicana Hotel, Las Vegas, Nevada, États-Unis, 1957
Photo 2 : © Elliott Erwitt – Danseuses de spectacle, Las Vegas, Nevada, États-Unis, 1957

elliott erwitt

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